SAINT JOHN CHRYSOSTOM

Monday 2 August 2010

Parable of the ten virgins

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PARABLE OF THE TEN VIRGINS



HOMÉLIE LXXVIII
" ALORS LE ROYAUME DES CIEUX SERA SEMBLABLE A DIX VIERGES, LESQUELLES AYANT PRIS LEURS LAMPES S’EN ALLÈRENT AU DEVANT DE L’ÉPOUX. OR, IL Y EN AVAIT CINQ FOLLES ET CINQ SAGES.- CELLES QUI ÉTAIENT FOLLES, AYANT PPRIS LEURS LAMPES, NE SE POURVURENT POINT D’HUILE. LES SAGES, AU CONTRALRE, PRIRENT DE L’HUILE DANS LEURS VASES AVEC LEURS LAMPES ". ( CHAP. XXV, 1, 2, 3, 4, JUSQU’AU VERSET 34.)

ANALYSE.

1. Parabole des dix vierges. — Ce que signifie l’huile dont il est question dans cette parabole.

2. Combien il est avantageux que nous ignorions l’heure de notre mort, parabole des talents ; comparaison de cette parabole avec celle qui est rapportée au chapitre XIXe de saint Luc.

3. et 4. Combien nous devons ménager le temps de cette vie pour notre salut. — Du compte exact que Dieu nous fera rendre à son jugement. — Que chacun a reçu quelque talent qu’il doit faire profiter. — Du zèle que nous devons avoir pour le salut des autres. — Quelle vigilance nous devons avoir sur nos paroles et à quel usage Dieu nous adonné une langue. — Que nous devons travailler à nous rendre semblables à Jésus-Christ. — Par quels moyens nous le pouvons faire.



1. Ces paraboles, mes frères, que le Sauveur nous propose dans ce chapitre, sont fort semblables à celles qu’il nous a proposées dans le chapitre précédent du serviteur prudent et fidèle, et de cet autre qui dissipa le bien de son maître avec des ivrognes, et qui traita outrageusement ceux qui lui étaient soumis. Ces quatre paraboles n’ont toutes que le même but, quoiqu’elles y tendent par des voies différentes. Elles nous portent toutes à pratiquer l’aumône et à. aider nos frères en tout ce qui nous est possible, parce qu’il n’y a point d’autre moyen pour faire notre salut. Il y a cette différence que, dans ces paraboles que nous avons expliquées, Jésus-Christ parle généralement de toutes sortes de secours que nous pouvons et que nous devons donner à nos frères, au lieu que dans celle de ces vierges il marque (1) particulièrement le soin que nous devons avoir de les assister de nos biens. C’est pourquoi cette parabole des vierges a quelque chose de bien plus étonnant que les autres. Car il ne parle dans les autres que de la punition encourue par celui qui frappait et qui outrageait les serviteurs de son maître, et qui dissipait son bien par son intempérance et ses excès; mais dans celle de ces vierges il déclare qu’il punit même celui qui manque, de charité pour ses frères, et qui n’est point libéral envers les pauvres. Car ces vierges avaient toutes de l’huile, mais toutes n’en avaient pas avec cette abondance que Dieu demandait d’elles, et c’est ce qui en fait tomber cinq dans une condamnation si effroyable.

Mais pourquoi, mes frères, Jésus-Christ ne nomme-t-il pas ici d’autres personnes moins considérables? Pourquoi choisit-il particulièrement des vierges? Il avait déjà assez relevé cette vertu lorsqu’il avait dit : " Qu’il y avait des eunuques qui s’étaient rendus tels à cause du royaume des cieux", ajoutant aussitôt : " Que celui qui peut le comprendre le comprenne". (Matth. XIX, 12.) Il n’ignorait pas que les hommes estimaient beaucoup cette vertu, parce qu’elle a de l’éclat par elle-même. Sa grandeur paraît assez en ce que les saints de l’Ancien Testament, qui d’ailleurs étaient si admirables, ne gardaient pas néanmoins cette vertu, et que Jésus-Christ même dans la loi nouvelle ne l’impose point comme nous venons de dire, comme une loi nécessaire et indispensable. Car le Fils de Dieu ne la prescrit point à ses disciples; il se contente seulement de les y porter et de la leur conseiller. C’est pourquoi saint Paul dit: " Pour ce qui regarde les vierges, je n’ai point de précepte exprès du Seigneur ". (I Cor. VII, 25.) Je puis bien louer celui qui veut embrasser cet état, mais je n’y puis contraindre personne ni en faire un commandement exprès.

Comme donc cette vertu était en effet très-éclatante, et qu’elle devait être en grande estime dans l’esprit des hommes, Jésus-Christ empêche ici qu’on ne croie qu’elle pouvait suffire elle seule, et qu’en la possédant on pouvait ensuite se relâcher dans là pratique des autres vertus. C’est pour ce sujet qu’il rapporte cette parabole étonnante , afin d’apprendre aux vierges que, quand d’ailleurs elles accompagneraient leur virginité de tout ce qu’il y a de plus louable, si elles manquent à témoigner leur charité par les aumônes, elles seront rejetées de Jésus-Christ et reléguées avec les impudiques.

Et certes c’est avec grande raison que Dieu exercera un jugement si sévère contre ces vierges. Car les impudiques sont emportés par l’amour charnel, au lieu que les autres le sont par leur passion pour les richesses. Or, il est visible que la première de ces passions est beaucoup plus violente que la seconde. Plus donc l’ennemi qui attaquait ces vierges était faible, plus elles étaient coupables en y succombant. C’est pour cette raison que Jésus-Christ les appelle " folles ", parce qu’ayant vaincu un ennemi beaucoup plus fort, elles se laissent vaincre à un plus faible. " Les lampes " marquent le don même de la virginité qui se conserve par la pureté du corps, et " l’huile "signifie la miséricorde, la charité et le soin qu’on a d’assister les pauvres.

" Comme l’Epoux était longtemps à venir, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent (5) ". Jésus-Christ donne ici à entendre que l’intervalle entre son premier et son second avènement ne serait pas si court que ses disciples le croyaient, et il réfute par ces paroles la pensée que ses apôtres avaient que le règne de Jésus-Christ viendrait bientôt. On voit que souvent il les détrompe de cette attente. Il marque aussi en même temps que la mort n’est qu’un sommeil : "Elles s’assoupirent ", dit-il, " et s’endormirent toutes ".

" Mais sur le minuit on entendit un grand cri (6) ". Jésus-Christ rapporte cette circonstance ou pour continuer la parabole, ou pour montrer que la résurrection générale se ferait durant la nuit. Saint Paul marque aussi ce cri, lorsqu’il dit: " Aussitôt que le signal aura été donné par la voix de l’archange et le son de la trompette de Dieu, le Seigneur lui-même descendra du ciel ". (I Thess. IV, 16.) Mais que diront ces trompettes et ce grand bruit dont l’Evangile parle? " Voici l’Epoux qui vient, allez au devant de lui. Toutes ces vierges se levèrent aussitôt et préparèrent leurs lampes (7). Mais les folles dirent aux sages: Donnez-nous de votre huile, parce que nos lampes s’éteignent (8) ". Il leur donne encore une fois le mot de " folles", pour montrer qu’il n’y a rien de plus insensé que d’amasser beaucoup d’argent en cette vie dont nous devons bientôt sortir sans rien emporter avec nous, au lieu que nous n’y devrions (2) travailler qu’à faire l’aumône et à exercer la charité. Mais ces vierges témoignent encore leur folie en ce qu’elles espèrent de trouver alors ce qui leur manque, et qu’elles demandent à contre-temps ce qu’elles ne peuvent obtenir. Leurs propres soeurs les, rebutent. Quoique ces vierges sages fussent très-charitables, quoique ce fût principalement par leur charité qu’elles s’étaient rendues agréables aux yeux de Dieu, et quoiqu’enfin ces vierges insensées ne leur demandassent qu’une partie de leur huile, et non pas tout, et qu’elles leur représentassent leur nécessité d’une manière si touchante, " nos lampes s’éteignent, donnez-nous de votre huile ", ces vierges sages néanmoins demeurent sourdes à leurs prières, et elles ne les écoutent point. Ni leur propre inclination à faire l’aumône, ni la facilité de donner ce que leurs soeurs moins sages qu’elles leur demandaient, ni l’extrême besoin où elles les voyaient réduites, rien ne les put porter à leur accorder leur demande.

Que nous apprend, mes frères, un exemple si terrible, sinon que si nous nous perdons une fois nous-mêmes par nos mauvaises oeuvres, nul de nos frères ne pourra nous secourir, non parce qu’il ne le .voudra pas, mais parce qu’il ne le pourra. " Les sages leur répondirent: De peur que ce pie nous avons ne " suffise pas pour nous et pour vous, etc. (9)". Ainsi ces vierges sages s’excusent sur leur impossibilité. C’est ce qu’Abraham marque dans l’évangile de saint Luc : " Il y a ", dit-il, " un " grand abîme entre nous et vous, de sorte que ceux qui voudraient passer de nous à vous ne le peuvent faire. (Luc, XVI, 26.) Allez " plutôt à ceux qui en vendent, et achetez-vous-en ce qu’il vous en faut (9) ". Qui, sont, mes frères, ceux qui vendent cette huile, sinon les pauvres? Et où trouve-t-on ces pauvres ailleurs que dans cette vie? C’est donc en ce monde qu’on doit aller, chercher ces vendeurs et non plus en l’autre. Nous trafiquons heureusement avec eux pendant que dure cette vie, et si l’on nous en ôtait les pauvres, on nous ôterait en même temps un des plus grands moyens de notre salut et une des plus .fermes espérances de gagner le ciel. C’est donc ici qu’il nous faut préparer cette huile, afin que nous la trouvions prête dans nos vases, lorsque nous en aurons besoin. il n’est plus temps d’y penser après notre mort. Il le faut faire dans cette vie. Ne consumez donc plus, mes frères, si inutilement vos biens dans les délices, dans le luxe ou dans le vain amour de la gloire, puisqu’ils vous sont si nécessaires pour en acheter de l’huile.

2. Ces vierges insensées ayant écouté les sages, suivirent le conseil qu’elles leur avaient donné, mais ce fut inutilement. Et l’Evangile rapporte cette circonstance, ou pour suivre simplement l’ordre. de l’histoire, ou pour nous apprendre que, quand nous deviendrions charitables et compatissants après notre mort, cette charité ne nous servirait, plus de rien pour éviter les maux que notre dureté passée nous a mérité. Car nous voyons que ce désir de faire l’aumône ne sert plus de rien à ces vierges folles, parce qu’elles cherchaient ceux qui vendent l’huile, non en ce monde où on les trouve, mais dans l’autre où on ne les trouve plus.

Nous voyons de même qu’il ne servit de rien au mauvais riche d’avoir après sa mort tant de tendresse pour ses frères. Après qu’il eut témoigné durant toute sa vie une dureté si extrême à l’égard d’un pauvre qu’il voyait, couché à sa porte, il témoigne tout d’un coup comme un’ excès de charité pour ceux. qu’il ne voyait pas. Il veut s’efforcer de leur faire éviter les supplices et les flammes où il se voyait plongé. Il prie qu’on les avertisse afin qu’ils prennent garde de ne point tomber " dans ce lieu de peines et de tourments ". Mais comme cette miséricorde fut inutile à ce mauvais riche, elle, le fut de même à ces vierges folles.

" Car pendant qu’elles étaient allées acheter de l’huile l’Epoux vint, et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée (10). Enfin les autres vierges vinrent aussi, et lui dirent : Seigneur, Seigneur, ouvrez-nous (11). Mais il leur, répondit: Je vous dis en vérité que je ne vous connais point (12) ". Ainsi, après tant de travaux et, tant de peines, après tant de triomphes remportés sur la faiblesse de la nature et sur la violence de ses mouvements déréglés, elles se retirent toutes confuses et voient avec douleur, que leurs lampes s’éteignent d’elles-mêmes. Car il n’y a rien de plus sombre et de plus ténébreux, pour parler ainsi, que la virginité qui n’est point accompagnée de charités et d’aumônes. On appelle même assez souvent ceux qui sont sans compassion et sans charité, des âmes noires et ténébreuses.

Que devint donc alors la gloire de leur (3) virginité, lorsque leur Epoux les rejeta de sa présence et qu’elles ne purent le fléchir en frappant à sa porte et en l’appelant par tant de cris redoublés? Que leur servit d’avoir été vierges, lorsqu’elles ouïrent cette parole de tonnerre: " Retirez-vous, je ne vous connais point". Quand cet Epoux irrité a parlé de la sorte, que reste-t-il à ces vierges autre chose que l’enfer, et tous les tourments que l’on y souffre? Ne peut-on pas dire même que cette parole est plus insupportable que l’enfer? Cependant, mes frères, c’est ce que Jésus-Christ répondra à ces vierges folles. Et c’est ce qu’il témoigne encore ailleurs qu’il dira à tous les " ouvriers d’iniquité ". (Matth. VII, 42.)

" Veillez donc parce que vous ne savez ni le jour ni l’heure où le Fils de l’homme doit venir (13) ". Jésus-Christ a soin de redire souvent ces paroles , pour nous apprendre combien il nous est utile d’ignorer le moment de notre mort. Où sont donc ceux qui passent toute leur vie dans la lâcheté et dans la mollesse, et qui ne rougissent pas du nous répondre, lorsque nous les exhortons à faire l’aumône, qu’en mourant ils laisseront leurs biens aux pauvres. Qu’ils écoutent ces paroles et qu’ils se corrigent. On en a souvent vu attendre à leur mort à faire du bien, et mourir si soudainement qu’ils n’ont pu donner aucun ordre pour disposer de leurs biens.

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